La sécurité sur les chantiers de construction

La sécurité sur les chantiers de construction

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L’agent de sécurité sur un chantier de construction est en réalité un cadre, un expert en prévention des accidents de travail et en mesures de sécurité. Aussi appelé agent de prévention, il est un ambassadeur de la santé et la sécurité du travail (SST) au quotidien et est en mesure de prodiguer des conseils sur de multiples thématiques liées au domaine de la SST. Il est en quelque sorte un « coach » sur le terrain. Selon le Code de sécurité pour les travaux de construction (CSTC), il est obligatoirement présent sur les chantiers de plus de 8 millions de dollars ou réunissant 150 travailleurs ou plus à un moment des travaux. Il arrive aussi que des maîtres d’oeuvre en assignent sur de plus petits chantiers ayant des risques spécifiques. « À la base, son travail consiste à faire appliquer l’ensemble de la réglementation qui figure dans le CSTC », résume Dominic Robert, directeur général de l’Association des entrepreneurs en construction du Québec (AECQ). Mais il n’agit pas seul. « Le surintendant et le chargé de projet du maître d’oeuvre sont là pour des motifs différents, mais sont les alliés de l’agent de sécurité, ajoute Jean Lapointe, architecte à la CNESST. Si la collaboration est bonne entre les trois, si chacun comprend les enjeux de l’autre et s’ils peuvent échanger l’information nécessaire pour que tout le monde travaille en sécurité, le chantier se déroulera bien. »
« Nous ne sommes pas là pour surveiller les gens, mais plutôt pour les accompagner en matière de prévention, illustre JeanFrançois Beaudry, agent de prévention chez Garoy construction, à Québec. Nous avons un rôle d’éducation, d’information, d’encadrement et de surveillance. Nous pouvons également sévir quand les consignes de sécurité ne sont pas respectées. »
Un chantier de construction étant évolutif, l’agent de sécurité doit en connaître beaucoup en matière de prévention. Chaque jour, Jean-François Beaudry accueille formellement les travailleurs et leur parle des risques durant 15 à 30 minutes, selon l’état des travaux. Il explique les règles de sécurité propres au chantier, indique le plan de circulation, où sont les toilettes, les sorties d’urgence, les trousses de premiers soins et les mesures d’urgence. Il détaille les risques spécifiques à chaque métier en fonction des tâches du moment et vérifie les connaissances de chacun. Il s’assure que chaque travailleur a reçu la formation requise pour exercer ses tâches en toute sécurité et qu’il porte les pièces de l’équipement de protection individuelle, telles que le casque et les chaussures de sécurité. Il fait des tournées de chantier, s’assure que les diverses machineries (nacelles, grues, excavatrices, etc.) sont conformes et inspectées quotidiennement. Il soutient et informe les travailleurs relativement aux bonnes pratiques et aux règles à respecter. Il organise également des rencontres de comités de santé et sécurité avec les responsables de chaque sous-traitant, lors desquelles il aborde différents sujets de prévention et présente aux travailleurs des vidéos rappelant les règles de sécurité. Par la suite, chaque sous-traitant procède à une pause de sécurité avec l’ensemble de ses travailleurs. « J’aime bien aussi aborder l’actualité en SST pour faire de la prévention », explique-t-il. Durant les journées de canicule, par exemple, il informe les travailleurs des risques de la chaleur et leur apprend à s’en protéger. « Bref, nous nous assurons que le chantier se déroule de façon sécuritaire, ajoute-t-il. Nous sommes les yeux de la prévention. »
Même si les travailleurs sont aujourd’hui plus conscients des dangers, il n’en reste pas moins que le principal défi de l’agent de sécurité consiste à répéter souvent les mêmes consignes de sécurité : attachez-vous, portez vos lunettes de sécurité, utilisez les échelles et les échafaudages de manière sécuritaire, comme l’illustre Jean-François Beaudry. « On ne doit pas juste suivre le CSTC, poursuit-il. Il faut aussi des aptitudes en communication et en informatique. Il faut pouvoir bâtir des formations, produire des documents, élaborer des procédures de travail à la portée de tous et toutes, parler d’hygiène du travail, savoir donner les premiers soins et connaître les aspects juridiques de la prévention. Il faut aussi être curieux et juste et équitable envers tout le monde. » L’agent de prévention doit s’assurer d’appliquer la diligence raisonnable.
Le CSTC assigne six tâches à l’agent de sécurité : il coordonne les consignes et toutes les mesures de sécurité du chantier, s’assure que tout travailleur connaît les risques propres à son travail, reçoit les recommandations et les procès-verbaux des réunions de comités de santé et sécurité, reçoit copie de tout ordre ou avis de défectuosité d’un inspecteur mandaté, rédige les consignes de sécurité propres au chantier, intervient quand surgit un risque et enquête à la suite d’un accident.

Et si je veux exercer ce métier?

Deux parcours sont possibles pour exercer le métier d’agent de sécurité pour les travaux de construction. Premièrement, en suivant une formation de 600 heures au Collège Ahuntsic, dont 120 heures de théorie et 480 heures de stages obligatoires devant être travaillées sur un minimum de 12 semaines. L’AECQ coordonne cette formation, en vertu d’une entente avec la CNESST. Les futurs agents de sécurité apprennent, par exemple, les tolérances zéro de la CNESST, les aspects légaux qui s’appliquent, les risques en espaces clos et avec les matières dangereuses, le cadenassage, les obligations du maître d’oeuvre et des entrepreneurs, la prévention des chutes, la tenue des lieux, les risques liés aux échafaudages, etc.
« Aujourd’hui, on attend de l’agent de sécurité qu’il ait de bonnes aptitudes en gestion et en informatique, qu’il puisse animer des rencontres, produire des rapports fiables et exprimer ses idées de manière claire et concise autant à l’oral qu’à l’écrit », précise Dominic Robert. Le candidat idéal, outre son expérience incontournable des chantiers, possède une scolarité postsecondaire complémentaire, du leadership et de solides aptitudes interpersonnelles. Durant les deux dernières années, une cohorte par année a pu être formée (20 étudiants et étudiantes par cohorte).
La deuxième voie d’accès au métier consiste à réussir l’examen d’équivalence que fait passer la CNESST. En démontrant qu’ils ont de l’expérience et des connaissances jugées équivalentes, les candidats peuvent être exemptés de suivre les 120 heures de formation théorique, mais doivent réaliser le stage de 480 heures. La CNESST produit les cartes, tient à jour le répertoire des agents en activité et gère le renouvellement des attestations tous les cinq ans. Dans les deux cas, la personne doit avoir un minimum de dix ans d’expérience sur les chantiers de construction.
Ces années-ci, avec des chantiers comme ceux de l’échangeur Turcot, du pont Champlain et de la Romaine, les agents de sécurité sont plutôt en demande. Ils sont environ 1 000 en activité dans la province. Il faudrait en former davantage, croient certaines personnes. « Mais jamais en rognant sur le choix des meilleurs candidats et candidates et la rigueur de la formation », tranche Dominic Robert.


















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